Où commence l’espace intérieur, la contemplation silencieuse et privée, et où se transforme-t-il en communauté par le biais de la liturgie et de la confession publique ?

Le lieu

L’énigmatique chapelle Saint-Étienne du 11e siècle.
Le plan est constitué de deux carrés accolés, bordés de niches rondes dans les murs creusés. La lumière naturelle pénètre par les fenêtres orientées au sud depuis le jardin en croix. Les murs sont de couleur jaune grès avec quelques restes de fresques. La tribune au-dessus de la moitié du carré du portail d’entrée donne accès à la cathédrale. Dans l’abside est se trouve un autel en bloc de calcaire, 10 cm x 121 cm x 138/143 cm. Sa façade avant est décorée de huit arcs en ogive avec des croix et des trous ronds. L’autel-coffre est également perforé à partir de la façade arrière et des côtés. Il a été utilisé, ailleurs, au 10e siècle, au-dessus d’une tombe au sol.

« Murs ouverts ».

Lors de ma visite en janvier de cette année, le langage des formes et des couleurs m’a rappelé les éléments de contemplation que j’étais en train de modeler dans l’atelier. Les « murs Rem » ou « murs ouverts » sont constitués de blocs d’argile blancs dont l’enveloppe extérieure a été déterminée à partir de masses de briques normalisées. Les parois latérales sont perforées de grands trous de regard. Eclairées par la lumière, des compositions picturales de sphères en terre cuite, de spirales, de rubans et de corps cylindriques deviennent visibles à l’intérieur des parallélépipèdes. Celles-ci sont modelées et cuites dans la même chamotte blanche que la peau extérieure.

Le « caos » vivant de ces espaces intérieurs aux formes individuelles fait penser à un regard dans un « R.aster E.lektronen M.icroskop », dont l’échelle de grossissement permet de voir des particules de l’ordre du nanomètre.

« Rem » est un terme que j’ai déjà utilisé à plusieurs reprises dans le cadre d’œuvres modelées. Il signifie également « R.apide.E.ye.M.ovement » – la phase de sommeil profond durant laquelle nous copions dans notre subconscient les impressions et expériences individuelles de la journée écoulée et les organisons dans nos mémoires.

Des « moitiés d’espace » ont été créées comme deuxième niveau, représentant des espaces intérieurs « épurés » sur deux étages, en coupe. Ils examinent l’intérieur des briques et le dessinent de manière plus précise.

L’installation spatiale « Murs ouverts » dans la chapelle Saint-Étienne utilise de la terre cuite blanche et des projections par vidéoprojecteur depuis l’intérieur des parallélépipèdes.

Les « murs ouverts » complètent les niches rondes en plan pour former un cercle. Placées radialement les unes sur les autres, elles constituent des lieux de contemplation. Leur intérieur est visible grâce à des luminaires posés sur le sol et devient une expérience immédiate.

Certains espaces intérieurs sont projetés dans l’ensemble de la chapelle par un mouvement circulaire depuis la galerie.

Sur la surface devant les marches de l’autel, les moitiés séparées de la pièce se trouvent dans une surface carrée. Les terres cuites sont remplies d’un centimètre d’eau et forment un reflet des corps de la pièce et des projections.

Conclusion.

Le travail spatial « Murs ouverts » crée un son spatial entre le monde intérieur et le monde extérieur de l’observateur. Le son, média élémentaire, et les images de projection, traduites techniquement, donnent naissance à une composition riche en tensions.
Par le biais de l’analogique versus le numérique et du low-tech versus le high-tech, l’installation explore l’interface entre l’espace privé et l’espace public.
« Murs ouverts » dans la chapelle Saint-Étienne reflète artistiquement les formes de contemplation et les rend perceptibles par les sens.