Medusenflos, des nomades et des méduses
Nele Ströbel – « Medusenfloss -von Nomaden und Medusen » │7 septembre -3 novembre 2018Galerie Pamme-Vogelsang Hahnenstraße 33 50667 Kölnwww.pamme-vogelsang.deNele Ströbel│Pressenotiz Medusenfloss -Von Nomaden und MedusenPour sa quatrième exposition individuelle à la galerie Pamme-Vogelsang, Nele Ströbel va transformer les lieux en un >Medusenfloss<. La sculptrice vit et travaille à Berlin et à Munich. « Pour … l’inspiration des villes opposées … dans la réalité du travail de l’artiste, il faut de nombreux réseaux de communication, des plans et des récipients. Ceux-ci se rencontrent dans les locaux de la galerie Pamme-Vogelsang comme sur un radeau », explique l’artiste dans son concept d’exposition. L’objet central de l’exposition est un grand plan isométrique sur textile représentant la locomotion et la mobilité. Outre les labyrinthes classiques au sol, nous voyons par exemple les chaussures du pape que Franciscus a envoyées à Paris en 2015 en solidarité avec les protestations lors du sommet mondial sur le climat, nous voyons des vues d’intérieurs, des chemins, différents segments de cercles. Le dessin est en relation spatiale directe avec des tresses de terracottage, des linogravures et des conteneurs miniatures en terre cuite blanche remplis d’artefacts. Pour Nele Ströbel, le « nomadisme » a de nombreuses dimensions. Cela comprend également une installation avec des formes de chaussures provenant d’un atelier orthopédique, qu’elle a retaillées pour retrouver >pieds sains< et dont elle a bouché les trous avec de la cire rouge. Nele Ströbel présente dans sa valise média des vidéos d’interviews sur le « mapping émotionnel » et des boucles d’images montrant les innombrables chaussures échouées sur les plages du monde entier. Nele Ströbel puise toujours dans son propre vécu. Le changement de paradigme entre l’espace privé et l’espace public est au cœur de ses installations multimédias. Elle élargit le regard de la perception et de l’expérience personnelles de l’existence mobile vers le passé et le présent sociopolitique et le transforme en œuvres d’art esthétiques dont la complexité permet et provoque de nouvelles associations. L’art de Nele Ströbel invite à repenser les choses/les faits/les failles. Dans ses installations, elle déconstruit et mélange les différents aspects. En tant que sculptrice, Nele Ströbel s’intéresse peu aux frontières entre les genres. Elle conçoit sa création artistique comme une action dans l’ici-bas, dans le monde devant le miroir et devant l’écran. Ses « états d’agrégation » artistiques naissent et deviennent perceptibles dans l’espace présent, dans l’espace du présent factuel et politique. Le 25. Guido Schlimbach (Kunststation-Sankt Peter Köln) tiendra un entretien avec Nele Ströbel. Pour le DC OPEN, la galerie est ouverte le samedi, 8 septembrejusqu’à 20 heures et le dimanche Pour plus d’informations, veuillez consulter le site www.pamme-vogelsang.de.
Discours d’ouverture de l’exposition
Nele Ströbel / Radeau de la Méduse – des nomades et des Médusiens
Ce sont toujours des projets – souvent internationaux – que Nele Ströbel suit et travaille sur une longue période – comme le thème « Nomad », sur lequel l’artiste s’est penchée dès 1994 dans le cadre d’une exposition à l’artothèque de Munich.
Nous sommes heureux de pouvoir montrer aujourd’hui une extension et un condensé de ce thème, qui est aussi une avant-première de son exposition de l’année prochaine à la Rathaus Galerie de Munich.
Le thème du nomadisme accompagne l’histoire de l’humanité depuis ses débuts et prend de plus en plus d’importance à l’heure actuelle avec la raréfaction croissante des ressources. Nele Ströbel relie ce phénomène au thème de la mobilité en général, qui s’adapte aux ressources disponibles, et au pèlerinage méditatif en particulier. Dans le contexte du pèlerinage méditatif, l’artiste a notamment découvert les chaussures du pape, que l’on retrouve plusieurs fois dans cette exposition, sous différentes variantes, en linogravure.
En 2017, les chaussures du pape se trouvaient à Paris avec de nombreuses autres paires de chaussures en guise de protestation contre le changement climatique. La situation sécuritaire actuelle avait interdit toute manifestation dans le cadre de la conférence sur le climat. En tant que représentants, des personnes du monde entier avaient envoyé leurs chaussures – une image très impressionnante.
Dans son art, l’artiste abstrait et réduit l’image : « Traces » sont les titres de ces œuvres et l’on associe également à la paire de chaussures isolée les traces de pas du Christ, qui ont pris une place fixe dans l’iconographie chrétienne du jour de l’Ascension. Rien qu’avec l’image des chaussures du pape, vous voyez à quel point les messages des pièces exposées sont complexes.
« Steps » est le titre de la sculpture en 16 parties avec les formes de chaussures travaillées. L’artiste a reçu en cadeau toutes les baguettes d’un atelier orthopédique désaffecté à Berlin. Elle les a retaillés en >pieds sains<, a bouché les trous avec de la cire rouge et les a organisés en nouveaux groupes.
Ici, le revers négatif du monde globalisé – là, la perspective spirituelle.
Le célèbre auteur et psychanalyste Wolfgang Schmidbauer pose des questions telles que : « La société de consommation mondialisée doit échouer. Ne devrions-nous donc pas faire tout ce qui est possible pour nous préparer mentalement et émotionnellement à improviser des radeaux de sauvetage ? »
Inspiré par l’histoire tragique du « Radeau de la Méduse » du peintre français Théodore Géricault, Schmidbauer montre à ses lecteurs comment la société d’aujourd’hui peut être meilleure que celle de l’équipage de la « Méduse » il y a plus de 200 ans. Le capitaine avait alors ignoré tous les avertissements et dirigé la frégate vers un banc de sable. Les officiers ont alors revendiqué l’espace bien trop restreint des canots de sauvetage et ont promis de remorquer le reste des passagers sur un radeau construit à la hâte – avant de rompre leur promesse. Le radeau était un mensonge des puissants : La famine, le cannibalisme et les luttes furieuses pour les ressources restantes ont conduit à la catastrophe. Wolfgang Schmidbauer montre des parallèles surprenants avec notre propre approche des crises existentielles du présent – les passagers sur le radeau branlant : c’est nous tous.
Mais nous connaissons aussi la « Méduse » dans la mythologie grecque. Persée, qui avait décapité la fille du dieu de la mer et, en science, les méduses sont appelées hydres, qui sont importantes dans la recherche sur les cellules souches. Bien sûr, nous connaissons aussi les méduses dont nous nous sommes particulièrement plaints en cet été caniculaire, elles assurent la fonction d’alerte précoce si importante pour nos eaux.
Toutes ces associations et ces thèmes ne sont toutefois pas présents de manière éclectique dans cette exposition. Nele Ströbel sait relier les grands thèmes complexes à sa propre vie d’artiste – ou plutôt elle les puise dans son vécu personnel : Ströbel elle-même est une « nomade » au sens large du terme. Outre ses nombreux voyages lointains, elle vit et travaille à Berlin et à Munich, ce qui constitue un défi particulier pour son travail artistique de sculptrice.
Ströbel élargit le regard de la perception et de l’expérience personnelles de l’existence mobile vers le passé et le présent sociopolitique. Elle transforme ses découvertes en œuvres d’art autonomes, dont la complexité permet et provoque de nouvelles associations. Le changement de paradigme entre l’espace privé et l’espace public est un thème central de ses installations multimédias.
L’art de Nele Ströbel invite à repenser les choses, les faits, les failles. Dans ses installations, elle déconstruit et mélange les différents aspects. Elle encourage ainsi le spectateur à reconsidérer le connu et à surmonter les distorsions.
En tant que sculptrice, Nele Ströbel s’intéresse peu aux frontières entre les genres. Elle conçoit sa création artistique comme une action dans l’ici-bas, dans le monde devant le miroir et devant l’écran. Ses « états d’agrégation » artistiques naissent et deviennent perceptibles dans l’espace présent, dans l’espace du présent factuel et politique.
Gudrun Pamme-Vogelsang
Cologne, septembre 2018